samedi 5 mars 2011

Jour 7

Aujourd’hui, nous avons visité la ville de San Lorenzo située près de Rosario. Ruben ingénieur agronome et professeur d’horticulture à l’université nationale de Rosario, notre guide, s’est fait une fierté de nous présenter sa ville natale. Pour nous mettre en contexte, Ruben nous a d’abord fait visiter le musée San Carlos. Ce musée, situé dans une église qui était un ancien monastère franciscains, a une valeur symbolique pour la ville de San Lorenzo. En effet, c’est en face de cette église que le libertador San Martin affronta l’armée espagnole en 1813 dans une bataille dont l’issue entrainerait plus tard l’indépendance de l’Argentine. C’est d’ailleurs en cette église que les blessés furent accueillis et soignés dans le réfectoire transformé en hôpital, les tables servant de lits. Au cour de cette bataille le général San Martin fut gravement blessé et dû demeurer dans une chambre du monastère le temps de sa guérison. Cette chambre est d’ailleurs conservée dans l’état original et fait partie de la visite.
L’histoire de la ville de San Lorenzo débute avec l’arrivée des Jésuites en 1720 qui décident d’occuper l’endroit. Ils sont déportés par l’arrivée des Franciscains venus d’Espagne vers 1768. A l’époque, cet établissement a pour mission de former les religieux et religieuses venus d’Europe pour évangéliser le peuple.
Suite à la visite du monastère musée, Ruben nous amena dans un restaurant pour déguster une picada composée des principaux poissons du fleuve Parana. Après le dîner, en route vers la ferme familiale de notre guide Ruben. La ferme de la famille Coniglio est une entreprise consacrée aux grandes cultures, avec une superficie de 1080 hectares dont 900 en propriété et 180 en location, alors que la taille moyenne des entreprises de la région varie de 50 à 100 hectares. La principale culture de la ferme est le soya. En plus d’utiliser des cultivars de soya, Ruben utilise certaines cultures en rotation, dont le mais, le blé et le sorgho. Contrairement à la pratique québécoise, Ruben évite le passage dans ses champs lors des arrosages, pour ne pas endommager ses cultures. Pour cette raison, il fait faire l’arrosage à forfait par avion pour lutter contre les ravageurs. Lors de la visite, nous sommes entrés dans un champ qui n’avait pas encore été traité afin d’observer les effets de la sécheresse. Ruben a énuméré l’ensemble des effets de la sécheresse sur les rendements des différentes cultures de l’entreprise. Globalement, les pertes de rendement sont de 50% inférieur à celle de l’année précédente.
En ce qui concerne le soya, il nous a expliqué les choix de ses différents cultivars. Ainsi, une planification dans le choix des variétés (hâtive versus tardive) permet à l’entreprise d’étaler la période de récolte de façon à optimiser l’usage de la machinerie. Dans le même ordre d’idée, Ruben utilise des variétés à taille basse résistantes à la verse en même temps que des variétés à taille normale. Ce choix s’explique par l’impossibilité de prédire la température. Ainsi, en période de sécheresse les variétés à taille normale seront moins haute et ne verseront pas alors que les variétés a taille basse ne performeront pas comme prévu.
Un sujet de discussion, qui revenait toujours lors des conversations avec les producteurs visités était le taux de rétention de 35 % imposé par le gouvernement. Ainsi, sur 3 camions de soya envoyé à l’exportation, la valeur d’un camion est retenue par le gouvernement. Le producteur dispose alors des 2 camions restant pour payer ses intrants, dégager son profit et payer ses impôts. Inutile de dire que c’est un sujet de discussion passionnée de la part de tous les producteurs, car en Argentine, parler politique est un sport national.
Après la visite, la famille Coniglio a reçu le groupe à la maison où nous avons pu nous rafraichir dans la piscine. Ses parents, très généreux de leur temps, nous ont accueillis à bras ouverts. Ces derniers nous ont fait découvrir des produits locaux tels que le mate et les pastillados, ainsi que des produits cultivés sur la ferme tels que les raisins, les pacanes et les noix de Grenoble. En discutant avec différents membres du groupe, nos hôtes ont été impressionnés par nos différentes techniques de cultures et les échanges furent des plus enrichissants. En quittant la demeure des parents de Ruben, nous nous sommes dirigés vers le centre ville de San Lorenzo pour aller manger des picadas accompagnés d’une cerveza de la région. Par la suite, Ruben et Anéris, nos partenaires à l’université nationale de Rosario, nous ont amené faire une promenade près du fleuve.
En revenant vers Rosario, après une journée autant culturelle que technique et après avoir partagé nos différents points de vue sur les pratiques culturales dans nos différents pays, le groupe se rappelait des liens créés entre les gens et aussi que l’hospitalité argentine avait maintenant un visage.

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